La confusion entre sympathie et empathie est fréquente. Lorsque je demande une définition de l'empathie, la réponse est « se mettre à la place de l'autre ». Pour les deux concepts, l'idée est effectivement de se demander quelles sont les émotions ressenties par mon interlocuteur.
La sympathie
Pour la sympathie (étymologiquement : ressentir ensemble), il y a en quelque sorte fusion par identification : j'imagine vivre moi-même la situation. Manifester de la sympathie pour une personne, c'est partager sa souffrance, lui en faire part. Cela peut générer pour soi-même du stress et ne lui apportera pas une aide véritable face à la situation traversée. Au mieux, elle se sentira moins seule ! Mais cela ne lui permet pas de gagner en autonomie.
L'empathie
L'empathie (ce que l'on ressent dedans) sous-tend une certaine distance dans le partage de l'expérience émotionnelle de l'autre, de l'objectivité : je ressens son émotion et je le comprends mais je vais m'intéresser à lui, sans ramener à moi-même. La personne empathique est tout à fait consciente que l’émotion éprouvée lui vient de l’observation d’autrui. C'est la conservation de l'altérité qui va permettre de l'accompagner et de lui apporter un véritable soutien grâce à la réelle volonté de comprendre ce qu'il vit.
Si nous faisons preuve d'empathie, nous sommes en capacité de comprendre une situation, non pas depuis notre propre cadre de référence, mais depuis celui de l'autre et nous allons vérifier sa bonne compréhension. Une communication empathique repose sur une écoute active, sans jugement et donc respectueuse. Elle permet de rester distancié par rapport à la situation-problème pour pouvoir mieux la gérer, d'avoir la capacité d'identifier les émotions de l’autre et les comprendre tout en veillant à ne pas trop s’impliquer affectivement. A la différence de la sympathie, il n'est pas question de liens affectifs entre les personnes.
Pour représenter la différence entre ces deux termes, j'aime beaucoup la métaphore du trou : « être au fond du trou » fait d'ailleurs partie des expressions courantes. Si je fais preuve de sympathie à l'égard de la personne, je vais descendre au fond de ce trou avec elle, alors que si je suis empathique, je vais être en capacité de lui lancer une échelle de corde qui l'aidera à en sortir.
Comment favoriser l'empathie de l'enfant ?
En tant qu'éducateur, parent ou professionnel.le, il est important d'accompagner l'enfant à faire grandir ses capacités d'empathie. Celle-ci lui permet de créer des liens et de se responsabiliser : quel impact ont mes actions sur autrui ?
Tout petit, l'enfant n'est pas encore empathique mais entre 6 et 12 mois, il sait décrypter les expressions du visage : joie, tristesse, colère, etc. et il va imiter celles de son interlocuteur. Des expériences ont prouvé que dès 14 mois, un enfant sait venir en aide à l'adulte spontanément. Il sait également progressivement, comprenant son ressenti, prodiguer geste ou action réconfortante : apporter le doudou à un copain par exemple. Mais l'accompagnement de l'adulte est nécessaire pour interpréter les émotions et comprendre le point de vue de l'autre.
En partageant nos émotions et notre façon de les gérer, en accueillant les émotions de l'enfant, nous l'aidons à en prendre conscience, ce qui est une première des différentes étapes qui le conduiront à les réguler. Cela participera à faire grandir ses capacités empathiques. Mais n'oublions pas que l'imitation est la meilleure des écoles, donc soyons empathiques avec notre entourage !
Comme le dit Élise Gravel avec son affiche, l'empathie est un super pouvoir qui nous permet de mieux vivre ensemble : grâce à elle nous faisons plus attention aux autres, sommes plus tolérants, plus généreux, plus solidaires et moins individualistes.
Véronique Servettaz
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