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  • lenfantenjeu

Le Père Noël est-il un mensonge inoffensif ?


Le mois de décembre vient de commencer et donc la période de l'Avent, c'est à dire avant la fête de Noël. Alors les débats autour du mythe du Père Noël vont revenir, entre les partisans de cette tradition de faire croire aux enfants que ce dernier existe vraiment et ceux défendant le point de vue que c'est profiter de la confiance que les enfants ont en l'adulte.


Quoi qu'il en soit, contrairement à ce qu'avancent beaucoup d'adultes, les jeunes enfants n'apprécient pas vraiment ce gros bonhomme qu'ils trouvent plutôt effrayant : ceci justifie leur réticence, voire leur peur, à aller sur ses genoux pour une photo ou juste auprès de lui pour recevoir un cadeau.

De plus,on lui fait parfois endosser un rôle de Père Fouettard : les cadeaux ne sont donnés que si l'enfant a été sage ! Encore cette année, cet argument est présent dans (au moins) une publicité d'une grande chaîne de jouets. L'esprit de la fête de Noël n'est-il pas la paix, la célébration, le partage et il est donc bien loin d'un chantage à une conduite jugée irréprochable ? Souhaitons-nous voir reposer nos principes éducatifs sur de la manipulation ?


Si on s'appuie sur la connaissance du développement de l'enfant, avant 6 / 7 ans les enfants ne font pas la différence entre imaginaire et réalité. Penser que le mythe du Père Noël va venir enrichir l'imaginaire de l'enfant n'a par conséquent pas de sens. Et ne dispose-t-il pas lui-même de cette capacité ? Savoir que les géants, les licornes n'existent pas ne l' empêche pas de fantasmer.

Pourquoi les adultes ont-ils besoin de raconter que le Père Noël existe vraiment et ne le présentent-ils pas simplement comme une conte ? Cette volonté de faire croire au Père Noël relève-t-elle d'une stratégie pour combler des besoins ? Pour nous adultes est-ce remettre de la magie dans notre vie, de l'émerveillement ? Mais cela peut-il se faire à n'importe quel prix ? Ne devons-nous pas rester respectueux de toutes les parties et donc de l'enfant ? Et de son côté à quels besoins cela répond-il ? L'enfant ne recherche-t-il pas avant tout de la sécurité, de la confiance ? Et notre stratégie est-elle la bonne ? Si nous souhaitons de la magie, elle est partout autour de nous, dans la nature : nul besoin de l'inventer, il suffit de révéler cette vraie magie à l'enfant. Nous pouvons créer nos propres rituels en respectant nos valeurs.


Mais la question fondamentale est que, en s'appuyant sur la confiance sans limite que nous font les enfants, nous les trompons. Dans quelle mesure pourront-ils par la suite continuer à accorder du crédit à nos propos ? Car bien entendu, leurs questionnements et leur réflexion vont les pousser à rechercher la vérité et ils finiront par la découvrir. Certains enfants vivront réellement cela comme une trahison. Des difficultés à faire confiance à l'autre ne peuvent-elles pas en résulter ? De plus n'oublions pas que l'enfant apprend par imitation : ne cherchons-nous pas à transmettre à nos enfants que mentir n'est pas acceptable ?

Certains pourront arguer que l'intérêt du Père Noël est de libérer l'enfant de la reconnaissance attendue après un présent et des remerciements qui vont avec.


A un enfant qui demande si le Père Noël existe, il semble pertinent de lui demander ce qu'il en pense lui ; indispensable d'être clair et de répondre en toute franchise s'il nous demande de nous positionner.

Le Père Noêl fait partie de notre culture et peut être un personnage d'histoires comme tant d'autres. Il existe dans le cœur de ceux qui y croient : l'enfant est laissé libre d'imaginer, de faire ses choix. Nous n'avons pas tous les mêmes croyances et cela permet de cultiver le respect.


Véronique Servettaz

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