Il est encore fréquent d'entendre parler de punition et pour beaucoup cette méthode d'éducation demeure incontournable. Et si, comme le propose Marshall Rosenberg, père de la CNV, nous nous posions les questions suivantes : Qu'est-ce que je veux apprendre à l'enfant ? À quelle partie de son cerveau je veux m'adresser ? Que doit-il / elle comprendre de tout cela ?
Qu'est-ce que punir ?
Étymologiquement, punir c'est infliger un châtiment, faire subir une peine pour une faute commise. C'est rechercher le pouvoir, chercher à faire mal à l'autre. C'est aussi le moyen le plus rapide pour l’adulte de reprendre le contrôle d’une situation qui semble lui échapper. Le principe sous-tendu est que l'enfant est mauvais et a besoin d’être corrigé. La punition utilise principalement le principe de la privation, que ce soit celle d’une liberté, d’un objet ou de l’intégrité corporelle.
Elle peut fonctionner sur le court terme en permettant d'obtenir obéissance. Mais à quel prix ? L'enfant se soumet, certes, mais c'est la peur qui l'y contraint. Est-ce ce type de relation que je souhaite développer avec l'enfant ? Quelles traces cela va-t-il laisser sur son estime de lui-même ? D'autres alternatives, beaucoup plus éducatives, existent.
La conséquence éducative
Avec la conséquence éducative, c'est l'acte que l'on désapprouve et auquel on pose des limites. La punition, elle, donne l'impression par la critique des gestes que la personne ne vaut rien. Le principe est d'apprendre à l'enfant qu'il est responsable de ses actes et par conséquent doit en assumer les conséquences. Elle est toujours en lien avec le comportement, ce qui est loin d'être toujours le cas de la punition.
La conséquence est éducative parce qu’elle participe à la construction de l’enfant. Elle lui permet de se responsabiliser et d’intégrer progressivement le cadre. Contrairement à la punition, elle ne cherche pas à rabaisser l'enfant, ne le blesse pas mais vise simplement à lui apprendre à se maîtriser et à adopter un comportement adapté. Elle permet de réparer ses erreurs pour retrouver une bonne estime de soi et devenir responsable de ses actes. Elle peut prendre différentes formes mais repose toujours sur l'absence de l'utilisation de la culpabilisation et sur un état d'esprit bienveillant.
Quelques exemples : je demande à un enfant de réparer le dégât commis plutôt que de crier ou le traiter de maladroit, d'inconscient ; je lui rappelle le comportement attendu de manière positive. Il ne faut pas oublier qu'avant 6 ans l'enfant est dans l'intégration de la règle, pas encore dans son respect. C'est donc avec les répétitions et la constance qu'il va intérioriser les interdits. Autre possibilité, le retrait temporaire (et pour une durée annoncée) de l'objet à l'origine du problème ou la mise en retrait de l'enfant (s'il perturbe l'activité en cours par exemple). Inutile de lui demander de réfléchir car son cerveau est déconnecté à ce moment-là. Il s'agit de lui permettre un retour au calme et il est nécessaire de le lui préciser : ce n'est en aucun cas une exclusion. Les conséquences éducatives se travaillent aussi à froid par la recherche de solutions, d'autres façons de faire. Cela permet de développer l'intelligence sociale et émotionnelle de l'enfant.
Bien sûr le choix d'une conséquence éducative se fera en fonction de l'âge de l'enfant et l'adulte se doit d'avoir une attente réaliste. Ce qui est fondamental est la disposition dans laquelle on l'utilise : pas question d'avoir en tête un esprit de vengeance ou de faire preuve de manipulation. Où serait alors la bienveillance recherchée et quel serait le message transmis à l'enfant ? Bien loin des principes de la CNV évoquée au départ ….
Véronique Servettaz
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