Quand j'interroge les professionnel.le.s sur le premier moyen d'expression de l'enfant, les pleurs sont fréquemment cités en priorité. Et pourtant dès sa naissance, c'est bien avec tout son corps que celui-ci s'exprime : son tonus musculaire va nous informer de son niveau de tension ou de détente. Ainsi un bébé installé sur un tapis, qui a vu ses besoins primaires satisfaits (faim, contact par exemple) sera parfaitement détendu. Si ce n'est plus le cas, il va se crisper et sans réaction de l'adulte dans un délai raisonnable pour lui, il va se mettre à pleurer.
Les pleurs de l'enfant sont un parfait indicateur de la satisfaction de ses besoins et tout à fait adaptés pour « allumer » le système d'attachement, provoquer la venue de sa figure d'attachement. C'est pour lui une question de survie !
Pleurer c'est aussi libérer des toxines générées par l'accumulation de stress : c'est les évacuer pour retrouver un état de bien-être, un équilibre physiologique.
Quels sont les différents outils dont disposent les professionnel.le.s pour faire face à ces pleurs ?
Comme toute émotion il est important de les laisser s'exprimer tout en accompagnant l'enfant avec une présence empathique, des paroles apaisantes et un câlin. Malheureusement la crainte d'habituer l'enfant à ce contact a la vie dure … De plus, il n'est pas toujours possible de prendre l'enfant dans ses bras mais le tout premier accueil des émotions passe par le regard. Donc créer et entretenir le lien avec l'enfant en le regardant, même à distance, est important, et bien sûr lui parler, verbaliser. Toutefois le contact physique avec la libération d'ocytocine, hormone de l'attachement, est une nécessité pour l'enfant. Il est à distribuer tout au long de la journée lors des temps individualisés (changes, repas, etc.). Car si l'enfant a besoin en grandissant de se sentir appartenir à un groupe, il est aussi fondamental qu'il se sente reconnu comme individu unique, avec ses spécificités.
L'enfant a parfois recours aux pleurs par manque de capacité à s'exprimer et se faire comprendre avec des mots : la communication gestuelle associée à la parole est un outil de qualité pour pallier à cela. En grandissant et avec l'acquisition du langage, il sera en mesure de remplacer ceux-ci par des mots..
Les temps de transition engendrent pour adulte et enfant de l'anxiété, du stress. Les conditions de travail des professionnel.le.s ne sont donc pas à négliger car les enfants sont perméables à leurs émotions. Préparer ces temps de passage, les annoncer par des rituels facilitera la création d'une ambiance sereine. La diminution des sources de stress diminuera le risque de survenue de pleurs.
Le portage est un outil adopté dans certaines structures pour apporter sécurité et réconfort aux petits grâce à la proximité physique qu'il procure.
Quoi qu'il en soit par ses pleurs l'enfant nous transmet un message qu'il est important de déchiffrer : stress, peur, besoin d'attention, douleur, fatigue, besoin d'autonomie, ... L'outil fondamental est un accueil bienveillant, sans jugement, avec une observation de qualité permettant de répondre au mieux à ses besoins et une écoute de ses émotions, de ses désirs.
Oublions les vieux dictons car comme le dit Héloïse Junier : « Pleurer, c’est bon pour la santé. Et même pour les bébés ! A conditions de les accompagner… » .
Véronique Servettaz
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