L'enfant dès sa naissance est un être de relation : créer un lien durable avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue est un besoin vital et la condition d'un développement social et émotionnel normal. Ceci est le principe de base de la théorie de l’attachement de John Bowlby. Cet attachement dans la petite enfance a des répercussions sur toute la vie.
La théorie de l'attachement, qu'est-ce que c'est ?
Le bébé ne peut pas ne pas s'attacher, quelle que soit la réponse de l'adulte qui s'occupe de lui. Dès le début de la vie, tout éloignement ou inaccessibilité de la figure d'attachement au-delà de ce que l'enfant à ce moment-là peut supporter, déclenche automatiquement, c'est à dire sans que l'enfant le fasse consciemment, les comportements de recherche de proximité auprès de la figure d'attachement. Il a pour cela à sa disposition un répertoire comportemental : pleurs et cris qui constituent des appels ; sourires et vocalisation, comportements de signal qui alertent la figure d'attachement de l'intérêt qu'il porte à l'interaction avec elle et donc favorisent un attachement réciproque ; grasping (agrippement), poursuite, etc.
Seule la proximité avec la figure d'attachement peut « éteindre » le système d'attachement puisque l'objectif du système est atteint. Le bébé va progressivement y associer un vécu émotionnel de sécurité.
Qui peut devenir une figure d'attachement ?
La figure d’attachement principale est celle qui s’est occupée le plus souvent et le plus durablement de l’enfant pendant ses premiers mois de vie. Le fait que les bébés se tournent plus vers la mère que vers le père n’a rien à voir avec l’amour mais avec la construction du lien d’attachement. Les figures d’attachement principales de construisent dans les 9 premiers mois de la vie et chacune de ces figures est irremplaçable, spécifique et non interchangeable.
Un bébé n'est pas plus ou moins attaché à une figure d'attachement. Il est attaché ou il ne l'est pas. Par contre l'activation plus ou moins forte de l'attachement déclenche un besoin plus ou moins urgent d'une proximité plus ou moins rapprochée.
Quel est est l'impact de l'attachement sur le développement de l'enfant ?
Plus l'attachement est sécure (lorsque les réponses des figures d’attachement sont cohérentes, constantes et empathiques), plus l'enfant peut se séparer pour aller explorer le monde car il a une base de sécurité solide. L'adulte est à la fois un port d'attache et une rampe de lancement.
Satisfaire au mieux le besoin d'attachement de l'enfant, en étant attentif à ses besoins, ses émotions, en prenant le temps de l'observer afin qu'il se sente vu et compris, lui permettra de s'épanouir, d'être sociable et de devenir autonome.
L'enfant grâce à un attachement de qualité développe plusieurs certitudes : la confiance en l’autre en cas de problème, le sentiment de valeur personnelle au regard de l’autre, une bonne estime de soi.
Dans le cas contraire, il développe un style d'attachement insécure et son comportement en est affecté. Heureusement rien n'est figé : un enfant avec un attachement insécure peut devenir sécure dès lors qu'une personne satisfera ses besoins affectifs et émotionnels.
Véronique Servettaz
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